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Erwan Le Roux : « La performance se décline en six axes »

En course au large, comme dans n’importe quelle autre discipline pratiquée à haut-niveau, y compris dans le monde de l’entreprise, différents facteurs influencent la performance et les résultats. La technique, le suivi médical, la préparation physique, la préparation mentale, la nutrition et le matériel. Erwan Le Roux, le skipper de Koesio, a compris, et depuis bien longtemps, que la réussite résulte d’une utilisation optimale de ces éléments pour pouvoir s’exprimer à 100% de ses capacités. Que l’analyse de ces facteurs permet d’élaborer des stratégies d’entraînement spécifiques et d’établir une préparation millimétrée en vue d’une échéance comme, par exemple, la Route du Rhum – Destination Guadeloupe qui arrive à grands pas.

C’est un fait : il existe des facteurs types communs à tous les sports, même si certains sont naturellement plus ou moins déterminants d’une discipline à l’autre. « Pour un athlète qui va chercher une médaille comme pour un ado qui va passer le grand oral du Baccalauréat ou pour un manager qui doit s’exprimer devant 300 collaborateurs, six items sont la clé de la performance : la technique (le geste, la posture, l’attitude), le physique, le mental, le médical, la nutrition et le matériel. Cela fonctionne de la même manière, qu’il s’agisse d’une discipline collective ou individuelle à partir du moment où il y une recherche de performance et que cela concerne un ou des individus », explique Erwan Le Roux, soulignant qu’en fonction du domaine concerné, ces facteurs sont évidemment plus ou moins déterminant, le physique étant par exemple fondamental dans un sport tel que le cyclisme bien plus qu’il ne l’est dans une activité telle que le curling. Une question de bon sens. « Dans un sport comme la course au large, qui est un sport mécanique, la machine est forcément un élément fort mais pour être performant, il ne faut négliger aucun des facteurs cités », détaille le skipper de Koesio.

Six facteurs à doser en fonction de soi et de ses objectifs

En premier lieu, il y a bien sûr la maîtrise technique. « Elle est indispensable. Elle englobe la qualité des gestes, la précision technique, la vitesse d’exécution, la capacité d’enchaînement ou encore la qualité des déplacements », souligne le marin qui se doit, entre autres, d’être le plus efficace possible dans ses manœuvres. Une excellente condition physique est, pour lui, aussi une nécessité. « Le but est de pouvoir être en mesure de réaliser un virement de bord, un empannage, un changement de voile ou encore une prise de ris sans se poser la question de savoir si on est trop cramé ou pas avant de le faire. Dans cette préparation, comme dans la préparation mentale, il est important de se faire aider. Une personne extérieure est plus à même d’identifier avec précision les points à travailler plus que les autres. Cela permet d’aller chercher de nouvelles choses pour s’organiser et tendre toujours plus vers la performance », analyse Erwan qui travaille sur ces aspects avec Gilles Monier puis François Bonnod, deux fidèles compagnons. Son but : améliorer ses capacités énergétiques et cardio-vasculaires (endurance, résistance), ses capacités musculaires (explosivité, force, élasticité, souplesse), sa confiance en lui, sa motivation, sa capacité à se faire plaisir sur l’eau, sa maîtrise émotionnelle mais également ses capacités de concentration, de prise de risque, de dépassement de lui-même et de combativité.

Chercher le meilleur rendement possible

« En transversalité, il y a naturellement le suivi médical. Tout un tas de données de bases doivent figurer dans nos dossiers mais il faut prévenir au mieux les risques de blessures avec, par exemple, des séances de kiné ou d’ostéo, et ne jamais oublier qu’en tant que sportifs, nos corps sont avant tout nos outils de travail », poursuit le Trinitain qui apporte un soin tout particulier à son alimentation. « Il est important qu’un individu comprenne que ce qu’il mange est son carburant, son énergie. S’il bouffe de la merde, son corps va forcément lui rendre. Sur ce sujet aussi il est important de bien se connaître et d’être accompagné. Pour ma part, je travaille avec un naturopathe afin d’arriver sur un départ de course avec une machine prête pour le meilleur rendement possible. Je sais, par exemple, que je vais bientôt arrêter de manger du blé, du céleri, du blanc d’œuf et quelques autres trucs avant le Rhum car ils ne me font pas que du bien. En voile, et en particulier en solitaire, on va constamment explorer nos limites physiques et mentales, bien au-delà de ce que peut faire un footballeur dans un stade, car le manque de sommeil élève grandement l’intensité corporelle. Cela va avoir un impact sur la récupération, sur la lucidité, sur un peu tout… », relate le Morbihannais qui, lorsqu’il est en mer, a besoin de toute sa tête et de toutes ses capacités pour analyser une situation en temps réel, mettre en place une stratégie ou une tactique. En somme, pour agir de manière appropriée et efficiente, et sans se mettre en danger. 

De la grinta et une pincée de chance

Enfin, bien sûr, il reste le facteur matériel. « Il est important d’avoir la bonne chaussure pour courir un marathon pour me pas risquer les ampoules, le mal au genou ou à la cheville. En course au large, qui est un sport mécanique on l’a déjà dit, c’est une évidence. Tout part de là. Aujourd’hui, sur tous les aspects techniques, je coche toutes les cases. Tout le travail qui a été effectué depuis que nous avons récupéré le bateau est visible et chaque entraînement, chaque sortie en mer nous permet de continuer d’avancer et de progresser. Je suis de plus en plus à l’aise. Mon but est d’être à 100% le jour du départ, le 6 novembre prochain. Je sais que je fais ce qu’il faut dans ma préparation pour écrire une belle histoire. Je sais toutefois que la course peut aussi se terminer au bout de quelques heures seulement. Le facteur chance peut être controversé, mais il existe néanmoins. Il conditionne les éléments extérieurs et non contrôlables autour de la performance », avance Erwan. La météo, la rencontre fortuite avec un OFNI (objet flottant non identifié) sont autant de points qui peuvent tout faire basculer. « Il y a des choses que l’on ne maîtrise pas et c’est pareil pour un mec qui coure un 110 mètres haies. Si, par exemple, son voisin de couloir se déporte et vient le faire tomber, c’est fini. Cela fait partie du sport. Ce n’est pas parce qu’on a mis toutes les chances de son côté que les choses se passent forcément bien. Sur cette Route du Rhum, le premier objectif sera donc d’arriver de l’autre côté. Ensuite, il faudra placer le curseur au bon endroit, faire preuve de lucidité jusqu’au bout et avoir la bonne dose de grinta ! ».

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