Un sauvetage hors norme d’Erwan Le Roux et d’Audrey Ogereauaprès le chavirage de l’Ocean Fifty Koesio
À retenir :
• Nuit du 25 au 26 octobre : chavirage de Koesio quelques heures après le départ de la Transat Café L’Or. Prise en charge par le Cross Jobourg et la Marine Nationale. Sauvetage impressionnant !
• Dimanche 26 octobre : échouage du bateau dans la baie de Lihou, à proximité de Guernesey, et sécurisation de celui-ci.
• Lundi 27 octobre : optimisation de la sécurisation du bateau.
• Mardi 28 octobre : extraction du trimaran de son environnement rocheux et remorquage jusqu’à Saint-Peter-Port pour sa remise à l’endroit.
• Mercredi 29 octobre : remorquage jusqu’à Saint-Malo.
• Dans la nuit du 29 au 30 octobre : arrivée dans le port de la Cité Corsaire.
• À venir : convoyage de l’Ocean Fifty jusqu’à son port d’attache, La Rochelle.
Chaviré dès la première nuit de la Transat Café L’Or, puis échoué dans une zone rocheuse particulièrement hostile à proximité de Guernesey, l’Ocean Fifty Koesio d’Erwan Le Roux et d’Audrey Ogereau a connu une succession de péripéties hors normes. Mais après plusieurs jours d’opérations délicates, le trimaran est désormais à Saint-Malo, amarré dans le calme d’un bassin. Un répit bienvenu après un sauvetage d’une rare intensité, mené avec rigueur et sang-froid, grâce à la mobilisation de toutes les personnes venues en soutien. Reste désormais à organiser le rapatriement à La Rochelle, avant d’engager un vaste chantier. Une certitude demeure : ni le duo ni l’équipe ne baissent les bras, et déjà l’horizon 2027 se dessine.
Remettre Koesio à flots : une première mission périlleuse
Dès le chavirage, l’urgence a été double : protéger l’équipage, puis sauver le bateau dérivant vers les côtes anglo-normandes. « Ces derniers jours ont été mouvementés et éprouvants », résume Erwan Le Roux. Échoué dans la baie de Lihou, le multicoque a d’abord dû être déplacé de 200 mètres par pelleteuses et chenilles, une opération menée au centimètre pour ne pas aggraver les dégâts. « Trimballer un bateau à l’envers sur la plage, ça pouvait vite tourner au carnage. On se disait qu’on allait tout arracher. Mais finalement, ça s’est bien passé. Le fait d’avoir vidé le bateau a permis de le faire flotter haut sur ses bras, ce qui a facilité son extraction. »
Le lendemain, à marée montante, plongeurs, garde-côtes britanniques et le navire de soutien L’Express ont coordonné la sortie du piège rocheux. « Ce n’était pas un simple remorquage : il fallait garder l’alignement, éviter que le bateau dérape dans les cailloux, avec du vent traversier. C’était très complexe, mais tout le monde a été remarquable. »
De Guernesey à Saint-Malo : tension maximale jusqu’au bout
Koesio a ensuite rejoint Saint-Peter-Port à Guernesey, où une grue a permis de le remettre à l’endroit. Rapidement, un gréement de fortune a été installé grâce à un morceau de mât récupéré, afin d’anticiper le convoyage. Mais la suite a été tout aussi délicate : tiré par L’Express, le trimaran a traversé la Manche pour rejoindre la Cité Corsaire. « Le passage le plus critique, pour moi, ça a finalement été l’approche de Saint-Malo. À dix milles de la côte, la remorque n’était plus bien calée, il y avait de la houle et 20 nœuds de vent. On a dû remonter à bord de nuit, couper des bouts… ça a été chaud. J’ai vraiment eu peur à ce moment-là. »
Dans la nuit de mercredi à jeudi, Koesio est enfin entré dans le port breton, suscitant un immense soulagement. « Dans notre malheur, on a une bonne étoile. Le bateau a ses trois coques, il est debout. Ce n’était pas gagné. »
Se projeter : travail colossal, mais détermination intacte
La suite immédiate se jouera en deux temps : attendre une fenêtre météo, vraisemblablement en début de semaine prochaine, pour convoyer le trimaran vers La Rochelle. Le plan : un nouveau remorquage jusqu’à la pointe Bretagne par le bateau de Florian Gueguen, puis un retour sous gréement de fortune, aidé par une voile de kite et le moteur une fois réparé.
À plus long terme, c’est un chantier majeur qui attend l’équipe : winchs, colonnes, accastillage, casquette… Les écueils ont laissé des marques profondes et infligé de lourds dommages. Mais pas question pour Erwan et Audrey de baisser les bras. « On prend les choses étape par étape. Oui, il y a énormément de boulot, mais la détermination est intacte. Avec Audrey, on s’est dit que quoi qu’il arrive, en 2027, on sera au départ de la Transat Café L’Or. »
Une manière claire d’affirmer que, malgré deux éditions marquées par l’abandon, le tandem s’attache désormais à reconstruire un projet et à fédérer de nouveaux soutiens pour écrire la suite.