Erwan
Le Roux

Skipper

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Une quatrième lichette de Rhum pour Erwan Le Roux, une quatrième saveur !

Le 6 novembre prochain, Erwan Le Roux s’alignera au départ de la mythique Route du Rhum – Destination Guadeloupe pour la quatrième fois consécutive dans la classe des Ocean Fifty (anciennement Multi50). Forcément, sa toute première, en 2010, et les suivantes, marquées par une éclatante victoire en 2014 puis une deuxième place en 2018, n’ont pas été appréhendées ni vécues de la même manière par le skipper. Celle qui arrive aura, à coup sûr, encore une autre saveur mais elle restera une performance de haut-vol, quoi qu’il se passe sur les 3 542 milles du parcours entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre. Car oui, une transatlantique en solitaire n’est jamais un exercice anodin, en témoigne le Trinitain qui revient sur chacune des éditions auxquelles il a pris part, sans oublier d’évoquer la prochaine.

2010 : « Après deux Route du Rhum, en 2002 puis en 2006, lors desquelles j’ai travaillé au côté de d’autres skippers dans le cadre de leur préparation à la course, je suis alors passé de l’autre côté de la barrière. J’avais logiquement des méthodes déjà acquises pour l’organisation et la gestion de l’épreuve mais ça a malgré tout été une grosse secousse. Je me souviens très bien que juste après avoir débordé le cap Fréhel, je me suis écroulé dans le fond du bateau. Lessivé. Mort. En saucisse complet, sans aucune énergie ! La pression de l’évènement m’est tombée dessus d’un coup, sans que je ne voie rien venir. Résultat, le lendemain, je me suis réveillé dernier de la flotte avant de réussir ensuite à revenir petit à petit, et de terminer 6e. Je ne pouvais pas gagner cet épisode-là, c’est certain. J’ai compris plus tard que j’avais perdu le match dès trois jours avant le départ. J’avais mal choisi mon logement, j’avais eu du mal à gérer toutes les sollicitations et les émotions qu’elles suscitent. Je n’avais pas réussi à faire de siestes et j’avais quitté le port en ayant déjà largement puisé dans mon capital sommeil. Je l’ai payé cash. »

2014 : « Pour ma deuxième Route du Rhum, j’ai naturellement tiré des leçons de la première. J’ai géré les choses différemment, notamment pour bien respecter mes temps de sommeil lors de la phase de pré-départ. J’ai été très vigilant sur ce point et d’ailleurs tout a bien fonctionné. Je me suis aligné au départ bien frais. Je ne me suis pas mis dans le rouge d’emblée et ce, malgré des conditions difficiles, avec un passage de front dès la première nuit. Dans la foulée, je me souviens d’avoir fait une grosse sieste dans le golfe de Gascogne en suivant Yves Le Blevec que j’avais alors à l’AIS, un peu comme un cycliste aurait pris la roue d’un favori. Je suis ainsi descendu tranquillement jusqu’au cap Finisterre, conformément au plan que je m’étais fixé. Tout s’est super bien passé. Pareil ensuite, jusqu’à ce que je prenne conscience que si je continuais sur ma lancée, je pouvais gagner. C’est ce qui s’est passé. »

2018 : « Ce n’était pas le plus facile mais j’assumais malgré tout l’étiquette de favori. Je ne refusais pas le truc en tous les cas. J’avais alors délégué quelques points techniques à 100% à l’équipe et je l’ai vite regretté car quand on ne connait pas complètement tous les aspects de son bateau, on perd un peu le fil avec lui. En l’occurrence, je me suis retrouvé au large avec des soucis de pilote et dans l’incapacité de les solutionner parce que je ne maîtrisais pas le truc à 100%. Depuis, j’ai pris l’habitude d’avoir un œil sur tous sur les pans mécaniques et techniques. Si cela avait été le cas à l’époque, j’aurais sans doute été en mesure de réparer moi-même mon avarie. J’avoue que cela a été une expérience un peu traumatisante pour moi car 24 heures sans pilote en Ocean Fifty, je ne le souhaite vraiment à personne. C’est l’enfer ! J’ai cependant pu rejoindre assez vite les Açores mais en arrivant dans l’archipel, j’ai bien cru que j’allais rentrer en avion et arrêter la voile ! J’ai toutefois repris le fil de la course et je l’ai d’abord fait parce que je portais les couleurs de l’association Rêves de Clown. J’ai pensé aux enfants malades qui vivaient évidemment des choses bien plus dures. Ce sont eux qui m’ont donné le courage de repartir mais aussi les gars de l’équipe, à commencer par Stéphane Kastler. J’ai bien fait car la situation météo un peu complexe m’a permis de signer une deuxième place à l’arrivée. »

2022 : « Cette année, le favori est un Anglais, Sam Goodchild, mais il y a aussi sept outsiders. Jamais le jeu n’a été aussi ouvert ! C’est top car c’est ce que l’on cherche dans la classe depuis des années. Il n’y en a pas un qui va plus vite que les autres. Pour ce qui me concerne, l’un de mes atouts est évidemment l’expérience, à la fois du solitaire sur le support, mais aussi de l’évènement. Elle m’aide à aborder l’échéance. J’espère, en tous les cas, m’en servir à bon escient mais une transatlantique reste une équation complexe. Je suis dans une situation assez confortable car je dispose des moyens de mes ambitions. Je souhaite profiter de la course au maximum, prendre énormément de plaisir et raconter une belle histoire. Jusqu’au bout, je ne lâcherai rien. Je vais me battre du mieux possible avec les armes dont je dispose et essayer de mettre en place la stratégie le plus propre possible pour que ça fonctionne. Pour ne rien avoir à regretter à la fin. »

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